05 Dec

Catalogue des monnaies de Valentinien Ier

Publié par Dardanvs (Guillaume.T)

Enfin! Le Catalogue des monnaies de Valentinien Ier à vu le jour aprés plus d'un An de travail !! L'auteur, David Berthod à réalisé (en partie pour moi :-) ) ce catalogue qui reprend les information de M. Georges Depeyrot sur le monnayage d’or de la mort de Constantin Ier à Zénon, l’ouvrage du Pr Bastien pour l’atelier de Lyon et celui de M. Philippe Ferrando pour l’atelier d’Arles et tant d'autres sources...

Ce qui fait de ce catalogue le plus complet pour un Empereur du IVe siècle.

 

Préface

Le Catalogue des monnaies de Valentinien Ier est avant tout une aventure de passionnés de l’histoire numismatique du IVe et Ve siècle ap. J.C. Tout commence en 2010 quand mon ami David Berthod crée un moteur de recherche consacré au monnayage romain de 313 à 476 ap. J.C. Au bout de trois années la « NVMMVS BIBLE DATABASE » atteint plus de 20 000 monnaies, dont plus de 1200 pour le seul Valentinien Ier ! David, toujours lui, m’oriente alors vers cet empereur, m’offrant par là-même un superbe thème de collection encore peu exploité. Car au-delà de l’apparente uniformité iconographique apparait un système complexe d’émissions de volumes très disparates qui pose question : Comment se répartissent les frappes entre ateliers d’Orient et d’Occident, comment travaillent les officines, quels moyens de contrôle s’est-on donnés, dans quel but multiplie-on parfois les « différents » sur une base initiale quadrimestrielle et quelle politique monétaire s’en dégage au final ? La réalisation d’un catalogue consacré au seul Valentinien, reprenant toutes les monnaies de la base mais aussi celles du « Roman Imperial Coinage vol. IX (RIC), du « Cohen, tome VIII », du « Bastien » pour l’atelier de Lyon , et du « Ferrando » pour l’atelier d’Arles, n’est que la suite logique de cette étude et l’illustration la plus aboutie. Le nombre de monnaies non référencées dans les ouvrages est impressionnant : 64 monnaies (dont 19 provenant de ma collection personnelle, commencée il y a à peine deux ans), en majorité des frappes des ateliers de Siscia et Thessalonique.
Cette monographie, fruit du travail minutieux de recensement et de classement de David Berthod, met à la disposition de tous l’ouvrage numismatique le plus complet pour un Empereur du IVe siècle. Toutes monnaies confondues, on arrive à plus de 90 revers différents. Les plus communs sont pour les nummi avec :
SECVRITAS REIPVBLICAE - (La Sécurité de la république) GLORIA ROMANORVM - (La Gloire des Romains)

RESTITVTOR – REIPVBLICAE - RESTITVTOR – REIP - (Le Restaurateur de la République)

VOT / V /MVLT / X
-
("Votis quinquennalibus multis decennalibus”,Vœux pour le cinquième anniversaire de règne et plus pour le dixième anniversaire à venir).
Si l’on replace ce monnayage dans son contexte historique, il faut rappeler quelques faits: La pression fiscale exigée par les frais engagés militairement aux frontières de l’Empire n’a cessé de s’alourdir depuis le règne de Dioclétien. La principale ressource de l’Etat reste l’impôt foncier, mieux évalué par un meilleur recensement des terres et toujours payable en nature (annone) mais convertible en numéraire depuis la mise en place de l’ « adaeratio » en 324. Il s’agit de la possibilité laissée au contribuable de payer l'annone quadrimestrielle jusque là payée en nature (ou tout autre service, taxe, prestation, jusqu’à la fourniture d'une recrue pour l'armée par des propriétaires fonciers) en partie ou en totalité en numéraire. Cette pratique se développe beaucoup au IVe siècle, ce qui démontre la vitalité de l'économie monétaire malgré l'inflation galopante.

Constantin à son tour vise à élargir l’assiette de l’impôt aux catégories jusque-là épargnées et choisit pour les nouvelles taxes le paiement en métaux précieux (le chrysargyre, payable tous les quatre ans par les négociants et les artisans et particulièrement impopulaire, l’or oblatice payé par les Sénateurs, l’or coronaire par les curiales). Le stock d’or, augmenté du trésor de Licinius et de la confiscation de celui des temples, permet d’émettre des solidi en quantité suffisante pour assurer la quasi-totalité des transactions financières et des échanges commerciaux importants. On voit alors le nummus de bronze frappé en grandes quantité se dévaluer progressivement, jusqu’à devenir une monnaie quasi fiduciaire réservée aux classes les plus pauvres. Deux économies parallèles se mettent en place, la seconde n’assurant plus péniblement que l’achat de biens de subsistance. Un premier sursaut visant à sauver le nummus sera fait au début du règne de Constance II avec la création des maiorinae lourdes et légères. Mais très vite le nummus replonge et il faut attendre l’avènement de Julien II pour voir la double maiorina redevenir une véritable monnaie d’échange. Valentinien reprendra à son compte ce choix économique. Décrit volontiers comme un personnage impulsif, sanguin, voire cruel, il n’en a pas moins de réelles qualités d’homme d’Etat. Pannonien d’origine, proclamé empereur en 364 par une assemblée de dignitaires et de généraux à la mort de Jovien, il n’a choisi la partie occidentale de l’Empire, la moins riche, que parce qu’elle était la plus menacée par les invasions barbares, laissant à son frère Valens l’Orient, plus facile à défendre. Ses qualités militaires face aux déferlements successifs d’Alamans en Gaule, de Quades et de Sarmates le long du limes danubien sont indéniables. En butte au Sénat romain qui le méprise, dont il comprend mal les traditions séculaires, il laisse ses fonctionnaires, des parvenus incultes et ambitieux, opérer une purge sanglante de l’aristocratie romaine qui laissera une tache indélébile sur sa mémoire. Mais il se montrera d’une plus grande tolérance vis-à-vis du paganisme que son frère Valens, d’un caractère plus faible et il est vrai harcelé par des chrétiens fanatiques et sectaires. Son réel souci d’épargner les classes les plus pauvres vise aussi à contenir l’exaspération croissante des « humiliores ». Au quatrième siècle, en dépit de grandes disparités, certaines grandes villes comme Rome vivent littéralement sous perfusion et amorcent leur grand déclin démographique. Elles ne produisent presque rien et dépendent totalement des apports extérieurs pour leur ravitaillement. La famine guette en permanence, et seules les distributions occasionnelles à la charge de certains magistrats calment temporairement les velléités de révolte d’une plèbe ruinée par les dévaluations successives des monnaies de bronze et par des taxes écrasantes. Valentinien luttera contre la spéculation déguisée que réalisent certains fonctionnaires sur les matières premières en fixant des barêmes officiels pour l’adaeratio, constamment réévalués suivant les besoins et l’importance des récoltes. Il crée la charge de « defensor plebis» afin d’apporter aux plus démunis un soutien dans leurs litiges avec les notables (principales) mais aussi de les dissuader de se mettre sous la protection d’un « patron » riche propriétaire. Le « patrocinium » peut aller jusqu’à une authentique forme de servage dans les campagnes, mais permet d’échapper au fisc, aux poursuites et à la famine.

Le dirigisme économique et étatique est une tendance lourde dans cette deuxième moitié du IVe siècle. L’hérédité décide du métier, les corporations des marchands sont étroitement encadrées, surtout celles qui sont vitales pour l’approvisionnement des villes. Les lois Valentiniennes à cet égard sont rigoureuses, pléthoriques et d’une extrême complexité… Certains ont cru déceler dans le monnayage de la période valentinienne cette même volonté d’hyper-contrôle. On est en effet frappé par la multiplication des différents pour certains ateliers stratégiques de l’ouest de l’Empire, comme Siscia et Thessalonique qui assurent l’approvisionnement en numéraire des troupes stationnées le long du limes (la frappe du bronze s’interrompt à l’est dès la co-régence avec son fils Gratien en 367, à l’exception temporaire de Constantinople) JP Callu par exemple note qu’à l’évidence un nouveau différent n’est pas émis dès qu’une même masse monétaire est atteinte. Certains correspondent à de très petits volumes (on découvre régulièrement pour la période des inédits). Parmi eux, quelques-uns ont probablement un caractère «évènementiel» réalisant de courtes séries à partir d’officines ouvertes pour l’occasion, marquant un fait militaire, une commémoration ou un avènement. Mais certaines années on passe d’une périodicité quadrimestrielle à un découpage mensuel dans l’attribution de ces différents. Callu y voit l’indice d’une comptabilité étroite de la production de ces ateliers, permettant une réactivité plus grande et mieux proportionnée aux besoins ou au contraire aux signes de « surchauffe» inflationniste. Ce moyen visant à défendre un nummus antérieurement affaibli par la surabondance des frappes et les manipulations de poids aurait déjà été utilisé à plusieurs reprises au cours du IVe siècle. Ce n’est en tout état de cause qu’une hypothèse. On peut douter des effets réels sur la population de toutes ces mesures mises bout à bout, et la révolte de Firmus en Egypte vers la fin du règne, en réaction à la corruption massive, aux prévarications des fonctionnaires et à une inflation galopante, montre à quel point rien n’était vraiment réglé. Il n’en reste pas moins que le règne de Valentinien offre au nummus un dernier sursis avant le retour définitif au primat de l’or sous Théodose. Ce monnayage prend de ce fait une valeur toute particulière. Indissociable des grands bouleversements qui secouent l’Empire romain, il nous en restitue un témoignage humble et magnifique à la fois. Merci à David de m’avoir offert ce catalogue, devenu le livre de chevet indispensable à ma collection.
Le Catalogue des monnaies de Valentinien Ier s’ouvre à vous.
Bonnes recherches!
Pour approfondir votre connaissance sur le sujet : le forum du moteur de recherche Nvmmvs Bible II, consacré au monnayage du IVe et Ve siècle : http://www.nummus-bibleii.com/ et le blog consacré à mon empereur de prédilection: http://collection-valentinien.ier.overblog.com/
Guillaume Teichmann

 

Vous pouvez lire ce NBC ci dessous ou le telechager gratuitement ici :

https://www.academia.edu/5320963/Catalogue_des_monnaies_de_Valentinien_I

Catalogue des monnaies de Valentinien Ier
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P
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S
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A
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S
Quel travail !! Je reste toujours admiratif des personnes comme David qui arrivent à faire tant de choses à la fois.<br /> Comment fait-on pour acheter la version papier ??
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D
Oui effectivement , il est incroyable ;-) <br /> Version papier : <br /> http://www.lulu.com/shop/david-berthod/catalogue-des-monnaies-de-valentinien-i/paperback/product-21345715.html

À propos

Collection et recherche numismatique privée de 364 à 375 ap.J.C.